Version o Notes sur le livre numérique □ - n □ □ □ □ □ o n E C R I D I L 2018 1 version 0 notes sur le livre numérique E C R I D I L 2018 Ce livre est sous licence Creative Commons CCO Public Domain Source: https://framagit.org/ecrinum/ecridil-booksprint ISBN 978-2-924446-11-9 (imprimé) ISBN 978-2-924446-12-6 (PDF) JH Écritures numériques jÇg H- § |Éq|f DigitalTextualities J IOl Études littéraires et technologie ■ ^ ■ Corsai de recbaches en Social Scieries and Humanises ■ w I sciences humaines du Canada Research Council of Canada Canada ÉCRIDIL2018 à Montréal Après plus d’une décennie d’expérimentations sur le livre numérique (depuis l’introduction des premières liseuses et l’adoption du standard epub), les discours soutiennent soudain l’idée d’une certaine faillite de la révolution annoncée pour le livre dans un contexte numérique, à grands renforts d’études sur la préférence des jeunes pour les livres sur support papier et de statis¬ tiques sur les ventes directes de livres numériques. C’est pourtant là faire l’impasse de transformations pro¬ fondes dans les pratiques de production et d’usage du livre aujourd’hui - pensons au succès de la plateforme Kindle d’Amazon, aux nouveaux modes de circulation du savoir scientifique (qu’ils soient liés aux enjeux du libre accès, aux empires éditoriaux ou aux modè les discursifs réinventés), aux formes numériques de diffusion de la culture, ainsi qu’aux statistiques impressionnantes d’adhésion au prêt numérique d’ouvrages dans les bibliothèques publiques. Ce sont là des traces avérées d’un brassage certain dans le monde éditorial. S’il y a certainement une conception conventionnelle du livre qui persiste dans les esprits et les préférences des lecteurs (rattachée à son acquisition, à sa manipula¬ tion, à sa possession physique sous forme de codex), un examen du spectre large des manifestations du livre ÉCRIDIL2018 à Montréal 5 aujourd’hui ne peut écarter une pénétration avérée du numérique dans ses modalités d’existence. Ainsi sommes-nous encouragés à (re)poser des questions en apparence bien triviales, mais en réalité fondamentales. Qu’est-ce qu’un livre ? Comment a-t-il été appelé à se transformer en contexte numérique ? Qui en sont les acteurs et les auteurs ? Mais aussi, de façon lucide et prospective, quels défis persistent, malgré les avancées récentes et à la faveur d’un environnement en constante évolution ? L’ouverture du regard aux réalités (encore plus) complexes du livre aujourd’hui s’impose, de sorte d’irriguer ce secteur de perspectives critiques éclairantes. Afin de s’engager dans un examen collectif de ces pro¬ blématiques transversales, l’événement ÉCRIDIL a été créé à l’Université de Nîmes en 2016 à l’initiative de Stéphane Vial. Dans les « Catalactes » publiés dans la foulée du premier événement, ce dernier précise ainsi le projet : « [ÉCRiDil] souhaite interroger la chaîne du livre à partir de la culture de l’innovation sociale et numérique (Digital social innovation). Il s’agit d’appré¬ hender sans les séparer les trois usages fondamentaux de la chaîne du livre (ÉCRire, éDIter, Lire) dans une pers¬ pective systémique et intégrative qui s’inspire du modèle émergent des innovations globales » (Vial et Catoir-Brisson, 2017). C’est dans le même esprit que s’est tenue à Montréal la deuxième édition d’ÉCRIDIL. Le dialogue interdisciplinaire favorisé à cette occasion se reflète dans la pluralité des approches représentées par les membres du comité d’organisation de l’édition 2018 : René Audet (études littéraires), Renée Bourassa (design), Oriane Deseilligny (sciences de l’information et de la communication), Michael Eberle-Sinatra (études anglaises et édition), Bertrand Gervais (études littéraires 6 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 et pratiques numériques), Stéphane Vial (philosophie et design), Josée Vincent (littérature et édition) et Marcello Vitali-Rosati (littérature et philosophie). Suscitant les rencontres disciplinaires, ÉCRIDIL fait aussi une place de choix aux praticiens - designeurs, éditeurs, etc. - afin d’enrichir les échanges entre théori¬ ciens et praticiens de l’édition et du livre. C’est ainsi l’écosystème du livre dans son ensemble qui pendant deux jours s’est trouvé au cœur de nos discussions, sur un substrat commun de culture numérique, une complexité que cet ouvrage cherche à synthétiser à travers une proposition éditoriale originale. ecridil . ex-situ . Info/ ÉCRIDIL2018 à Montréal 7 Ceci est un livre numérique Ne vous fiez pas aux apparences. Cet objet que vous tenez entre les mains, dont vous pouvez sentir le poids et caresser les pages, est bien un livre numérique. Il s’agit plus précisément de la version « 0 » d’un essai de synthèse originale des échanges et des discussions qui ont ponctué le colloque #ÉCRIDIL2018. Plus encore que pour tout livre édité aujourd’hui, le présent ouvrage est issu d’une production balisée par des outils numé¬ riques singuliers, tablant sur une intense collaboration grâce à des logiciels en code ouvert et des passerelles technologiques entre web et impression. Quelques contraintes liminaires Si le modèle, la forme et les contenus exacts de cet ouvrage étaient encore inconnus avant le début du colloque, le comité scientifique, sous l’impulsion de René Audet, Servanne Monjour, Nicolas Sauret et Jean-Louis Soubret, s’entendait en revanche sur quelques contraintes liminaires. En premier lieu, il n’était pas souhaité d’éditer des « actes » à proprement parler (cela viendra plus tard), ni redoubler l’ensemble des archives (visuelles, sonores, textuelles) produites pendant deux jours. L’idée était plutôt d’ouvrir les Ceci est un livre numérique problématiques, les réflexions et les corpus du colloque à un public élargi, le plus vite possible — « à chaud », juste après le colloque. Outre l’objet livre qui en résulte, ce travail de booksprint se conçoit aussi comme une expérimentation questionnant les enjeux théoriques de l’édition numérique. L’équipe de réflexion et de travail a ainsi adopté des pratiques éditoriales tournées autant que possible vers une édition collaborative, continue, susceptible de maintenir un dialogue permanent entre forme et contenu. Il s’agissait ici de garder à l’esprit que les structures formelles de l’édition et de l’éditorialisa- tion sont en premier lieu de nature scripturale. L’enjeu du dispositif de production réside alors dans l’articulation de ces deux écritures : la structure-code et le discours. Atelier d'idéation Une fois ces contraintes définies, une équipe d’éditeurs s’est attachée à collecter, à prendre en note et à synthéti¬ ser les contenus présentés tout au long du colloque. Outre une page collective de prise de notes (framapad) ouverte à l’ensemble des participants, les éditeurs ont travaillé à la constitution de fiches-synthèses consacrées à chaque communication. Lors d’un atelier d’idéation animé par Jean-Louis Soubret, l’équipe d’éditeurs, accompagnée de plusieurs participants, s’est employée à définir la problématique à laquelle le livre devrait répondre et à imaginer la forme la plus à même de répondre à cette problématique. À partir de plusieurs sources d’inspiration - le cabinet de curiosités, l’anthologie, l’index... -, l’atelier d’idéation a fait émerger un concept de livre composé de fragments textuels et visuels, lesquels seraient agrégés en fonction 10 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 de mots-clés, de manière à faire émerger de nouveaux parcours de lecture entre les interventions. Booksprint Sur les bases de l’atelier d’idéation, le booksprint a été lancé, hébergé à la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques (Université de Montréal). Deux jours seulement pour un programme ambitieux : 1. Catégorisation : émergence d’une première série de tags à partir des ressources produites pendant le colloque 2. Identification des fragments pertinents : slides, citations, références, notes, visuels (photographies, schémas), etc. 3. Tagging : étiquettage collaboratif de tous ces fragments 4. Gabarits : création des gabarits pour chaque type de fragment 5. Templates : création des templates md, html et css 6. Requête : extraction de tous les fragments taggés, en lien avec les catégories identifiées 7. Mashup : sélection et réagencement des fragments pour chaque catégorie, rédaction des textes originaux, ajustement des catégories 8. Édition : édition continue et simultanée à la production des entrées Ceci est un livre numérique 11 La chaîne éditoriale requêtes mashup édition Les éditeurs ont utilisé un archipel d’outils, tous basés sur des standards, des formats et des codes source ouverts : - framapad.org - framagit - markdown - pandoc.org - html5 - css-print - paged.js, script opensource dont nous avons été les heureux alpha-testeurs. L’outil a été mis à disposition par Julie Blanc, développeuse de l'initiative Paged Media et participante à ÉCRIDIL. 12 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 L 'index Au terme du booksprint, nous avons donc posé les bases d’un index extensible, reconfigurable et imprimable du colloque. Cet index a vocation de rendre compte des idées, des concepts et des notions les plus importantes, sous une forme fragmentaire, dialogique — presque chorale — mais aussi littéraire. Cette première proposi¬ tion se veut bien évidemment totalement ouverte — elle se conçoit par ailleurs autant comme un acte d’écriture que de lecture : les contenus synthétisés et agrégés ici reflètent d’abord l’interprétation de l’équipe d’éditeurs qui ont travaillé, en un temps minimal, sur ce booksprint : Julie Blanc, Louis-Olivier Brassard, Joana Casenave, Jeanne Hourez, Ximena Miranda, Servanne Monjour, Marie-Odile Paquin, Nicolas Sauret, Jean-Louis Soubret, Lilie Pons et Emin Youssef. Cette version est dite « 0 », car nous souhaitons poser les bases d’un index ouvert des notions-clés du colloque, que nous vous invitons à enrichir et à discuter (en ligne), et que vous pouvez sélectionner et ré-agencer à votre guise pour construire votre propre anthologie (impri¬ mable). Ce livre, réalisé en un temps éclair (une quin¬ zaine de jours), se conçoit donc comme une proposition conceptuelle et éditoriale inspirée des présentations et des discussions qui ont ponctué l’événement ÉCRIDIL. Ceci est un livre numérique 13 Architecture 15 î L’abécédaire des mondes lettrés de l’Enssib Architecture 17 Arnaud Laborderie donne raison à François Bon : la nouvelle forme du livre, c’est le site. Mais comment différencier désormais le livre numérique du site web ?... 18 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 Selon Florence Rio, le logiciel est à considérer comme un architexte qui commande la structure même du texte. L’écriture, du fait de ce système, est elle-même reconfigu¬ rée en tant que pratique sociale. Il s’agit dorénavant de comprendre le fonctionnement d’une écriture interactive, du contrôle qu’exerce une interface sur le texte écrit. L’écri¬ ture devient donc négociation entre écrivant et architexte. le balisage est du texte qui décrit du texte : orchitexte (toujours @arthurperret) #ecridil2018 - antoinefauchié (@antoinentl) 1 mai 2018 Architecture 19 < /^A'./c'vXtvvf enpt *-*»/*" •oit 4 r v DISSEMINATIONS ET PLATEFORMES MULTIPLES C ^ 7 5 0£ À**p 7 • API anthologie • Json Front grand public • Utiliser l’API p. N _ g f C*U&7 l'enjeu de la présentation est de comprendre comment - Tom Lebrun (@tolebrun) 30 avril 2018 Sémiotique 117 3. Frictions «Très souvent, le lecteur modifie au moins la police de caractères. De fait, selon certains retours [...] c’est même la première chose qu’ils font en ouvrant un nouveau livre. Au final, nous ne faisons que proposer, le lecteur dispose. » — Jiminy Panoz (2015) aH aH aH aH aH aH aH aHaHaH (L'échelle de Bringhurst - Jiminy Panoz) Le paramétrage montre la négociation permanente entre les intentions de conception et d’usage. t Présentation d’Arthur Perret, une sémiotique des fluides o Eisa Tadier et Emmanuel Souchier soulèvent l'idée d'une rupture sémiotique. Avec les tablettes, la perception même du volume est en effet à requestionner. 118 VERSION 0 ÉCRIDIL 2018 U La sémiotique sociale est une méthodologie en construction. — Nolwenn Tréhondart Sémiotique 119 Le projet d’édition de l’Anthologie Palatine mené par l’équipe de la CRC sur les écritures numériques est réalisé en collaboration avec deux lycées italiens qui travaillent à l’édition des textes sous la supervision de professeurs de grec ou de latin. Si les contributeurs au projet de transcription et de traduction peuvent travailler autour de l’imaginaire anthologique, c’est d’abord grâce à la structure de la plateforme, qui permet d’ajouter des contenus additionnels comme des liens vers youtube, ou encore des objets iconographiques (notamment des images de vases grecs, etc.). L’édition ne cherche donc pas à établir la vérité du « texte », mais elle travaille autour de la notion d’imaginaire collectif et populaire. Une API a été conçue pour proposer une structuration ouverte des données. N’importe qui peut donc participer, proposer des versions, ce qui génère un phénomène de résonnance entre les textes plutôt que la simple traduction d’un original. 120 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 î Présentation d’Oriane Deseilligny o Dans ses mises en scènes sur le web (blogues de lecteurs, sites d'éditeurs ou sites de marques qui n'ont rien à voir avec le monde de l'édition), le livre est scénographié en fonction de ses signifiants et de ses connotations positives. Certains motifs récurrents - les fleurs, les tasses à café, le fauteuil... renvoient au moment de la lecture, conçu comme un moment de divertissement. En revanche, on peut rester perplexes devant l'association entre le livre et les chaussures à talon ! Sémiotique 121 Sensorialité 1?3 Un corps humain est là, quand entre voyant et visible, entre touchant et touché, entre un œil et l'autre, entre la main et la main se fait une sorte de recroisement, quand s'allume l' étincelle du sentant sensible (...). Maurice Merleau-Ponty, L’ail et l’esprit , Paris, 1960 î Présentation d’Eisa Tadier o Pour Eisa Tadier, il existe une intimité entre fond et forme. Cette proximité est liée au rôle des corps, au rôle du designer mais également au rôle du lecteur. Il est donc nécessaire d'insister sur la place du corps en contexte numérique. Sert soriolité 125 #ECRIDIL2018 Poreuse : sur la question des configurations, Poreuse est vu comme un espace de désorientation. Tous se perdent dans la configuration proposée. La cause ? Un tressage polyphonique, mais aussi un horizon d'attente pour une lecture discontinue au travers de l'hyperlien — Tom Lebrun (@tolebrun) 30 avril 2018 126 VERSION 0 ÉCRIDIL 2018 66 Vox Machines vise notamment à expérimenter le rapprochement des interactions vocales et de l’écrit par la production de dispositifs sensibles multi-utilisateurs hybridant le visuel et le vocal. — Julien Drochon î Présentation de Julien Drochon, Vox Machines Sensoriolité 127 Arnaud Laborderie considère que l’édition numérique enrichie de Candide vient modéliser et proposer au lecteur différents usages : lire, explorer, éditorialiser. 128 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 66 Quelle serait la forme de publication pour une recherche en art et création (et non pas seulement sur l’art et la création) ? — Lucile Haute et Julie Blanc o La publication scientifique ne tient pas assez en compte les aspects graphiques et sensibles. Elle présuppose une idéalité du sens face à la forme et rencontre également des problèmes économiques notamment sur le maintient des revues. Les propo¬ sitions « clé en main » ont entraîné un formatage technique des revues publiées dans des types hypernormés - ce qui facilite certes la production et la consultation, mais aux dépens du design. À l'heure actuelle, une même maquette peut être appliquée pour des propositions très différentes, comme si une forme pouvait se prêter à de multiples contenus. Sert soriolité 129 Françoise Paquienséguy se demande si le numérique ne générerait pas de nouvelles pratiques : « revoir, voir pendant, voir plusieurs choses en même temps, dont l’appropriation est quasi physique : toucher, emporter avec soi, zoomer, écouter... » Avec ces pratiques de lecture, Nolwenn Tréhondart considère que le livre numérique renoue en fait avec une certaine sensualité livresque (mouvements, animations etc...). 130 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 #ecridil2018 Eisa Tadier : le livre suscite le corps à corps. Le corps comme partie intégrante du livre ? — DLIS (@carnetdlis) 1 mai 2018 Sert soriolité 131 U Les interfaces ont pour but de rendre les contenus sensibles. — Anthony Masure 132 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 î Psautier et Rosaire de la Vierge o La question des rapports entre corps et design n'est pas neuve. Eisa Tadier donne l'exemple d'Hegerton (1821), un livre de dévotion anglais du XVe siècle qui reprend esthétiquement le mythe de l'eucharistie en représentant un livre ensanglanté. Sert soriolité 133 Sur Opuscules, nous avons récolté toutes les voix des écrivains et écrivaines. Cela nous rapproche des pratiques des auteurs - c’est une chose de lire un texte à l’écran, c’est une autre chose d’avoir le souffle du poète, le rythme, de sentir les enjambements... Cette mise en tension entre le texte et la voix de l’auteur permet de s’approprier un peu mieux le texte. — Benoît Bordeleau OPUSCULES Littérature québécoise mobile t Le projet Opuscules (dirigé par Bertrand Gervais), publie désormais des extraits de textes lus par les auteurs. 134 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 U Le livre connecté est un objet — sa numéricité, son code n’est pas l’intérêt : l’expérience de lecture est sensorielle ; sens et sensorialité sont consubstantielles. — Jean-Michel Gascuel Sensorialité 135 Pour Emmanuel Souchier, le livre porte la présence du geste, de la main ainsi qu’une trace des voix et des corps. Il modèle la manière de voir le monde. L’émancipation du corps, de l’espace et du temps est la première techno- nologie de l’intellect de l’humanité. 136 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 Transferts 137 Ariane Savoie (gauche) Nolwenn Tréhondart (centre) et Lucile Haute (droite) participent à la table ronde Arts, littérature et formes numériques du livre Transferts 139 o Conclusion des échanges sur le livre d'art numérique : il faut travailler collectivement pour mieux appréhender l'objet-création. Parmi les projets éditoriaux numériques qui font surface, il s'agit pour la plupart d'expérimen¬ tations sans lendemain, car les artistes sont confrontés à des contextes industriels contraignants. Les acteurs du marché du livre ont du mal à dépasser le statut d'objet livre dans ses dimensions culturelles et esthétiques. Les éditeurs ont alors eux-mêmes des difficultés à passer au beau livre numérique. Quelques éditeurs de livres d'art ont essayé de développer leurs collections en epub - mais cela reste anecdotique. Un éditeur de livre d'art qui fait aujourd'hui des livres numériques démontre une idée de stratégie de distinction par l'innovation. 140 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 U Le livre fabrique un ethos de marque culturelle. — Oriane Deseilligny o En dehors de l'industrie éditoriale, les marques (de vêtements, d'accessoires...) qui utilisent le livre dans leurs publicités aspirent à s'approprier ses connotations symboliques et affectives, notamment avec la rhétorique visuelle ou picturale et les codes de la nature morte, du punctum. Transferts 141 t Oriane Deseilligny o Oriane Deseilligny propose une étude du livre imprimé en régime numérique, à travers une analyse des processus de communications et de mise en scène du livre en tant qu'objet imprimé. Le livre, en ce sens, devient le sujet principal d'images et d'approches en communication en tant qu'il est porteur d'une signification. On reconnaît ainsi l'héritage d'une culture visuelle avec des formes modernes qui s'apparentent à des cabinets de curiosités, tout particulièrement chez les blogueurs. #CABINETSDECURIOSITÉS 142 VERSION 0, ECRIDIL 2018 La question de la traduction nous ramène à la question de l’écriture : comment écrire une oeuvre hypermédiatique sur le plan autant littéraire que programmatif ? — Ariane Savoie o L'échange entre l'écriture numérique et papier est questionnée de plus en plus par la revue bleuOrange, confrontée à l'obsolescence des technologies et des différents langages. t Présentation d’Eisa Tadier 144 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 Transferts 145 L’objet transmédia est quelque chose qui dépasse largement le spectre du livre traditionnel, papier. Il est un objet connecté au monde et aux autres objets. Il est bien plus qu’un outil ou qu’un objet fermé. « Trans- », il dépasse les notions de clôtures traditionnelles. On trouve, parmi les prototypes de ces objets, des étiquettes de vin où sont reliées des recettes qui s’y accordent ; Don Camillo, un livre par lequel on accède à un film ; un récit pour enfants {Petit ours brun) qui se relie à des épisodes de séries jeunesse... Le livre transmédia, dans ces exemples, est une clé d’accès à un contenu numérique. "LE LIVRE VA SUIVRE L'ÉVOLUTION DU PAPIER SE TRANSFORMER EN LIVRE CONNECTÉ ET S'INVENTER DE NOUVEAUX USAGES" î Présentation de Jean-Michel Gascuel 146 VERSION 0, ECRIDIL 2018 Typographie Typographie 147 Arthur Perret o Arthur Perret part du postulat que la typographie est tout ce qu'il reste du papier et que c'est un point de passage entre l'imprimé et l'écran. Typographie 149 Dans l’histoire du livre, les choix typographiques ont parfois mis en place un jeu de connotations déterminant la valeur du livre ou celle du texte. Qu’en est-il aujourd’hui de cette charge symbolique ? Comme l’indique Eisa Tadier, la perspective sémiotique peut nous apporter une aide précieuse, parce qu’elle va interroger les valeurs connotées par la matérialité du livre. Que ce soit face au livre ou, même, face à la tablette, il devient important de s’interroger sur le rapport entre une valeur « perçue » et la valeur économique. U Gérard Blanchard, Sémiotique de la typographie. Les éditions Riguil Internationales, Québec, 1982. 150 VERSION 0, ECRIDIL 2018 Anthony Masure souligne le problème d’une gestion typographique parfois « hasardeuse » dans les publications numériques, réalisée sans prendre en compte les pratiques et les codes pourtant bien établis dans les techniques de mise en page (la typographie s’est en effet formée et perfectionnée sur plusieurs siècles). Les qualités graphiques des objets de lecture reçoivent généralement peu d’attention sur le plan de la forme et prennent peu en compte le retour des lecteurs (pour qui on écrit pourtant !). Le design d’interface du livre web est donc de qualité très variable. Une question essentielle se pose alors : quel rôle peuvent jouer les designers dans la transmission des savoirs à un public élargi ? Une pointe de typographie à #Ecridil2018 par @arthurperret, featuring #TypoFaune @CNAPfr (dalicesavoie SÉMIOTIQUE DES Ft(HO£S La typographie du livre numérique, entre fluidité et frictions Université Bordeaux Montaigne Colloque ÉCRIDIL, Montréal 1 er mai 2018 - Anthony Masure (@AnthonyMasure) 1 mai 2018 Typographie 151 t Présentation d’Arthur Perret 152 VERSION 0, ÉCRIDIL 2018 Intervenants au colloque Enrico Agostini-Marchese, Marie-Christine Beaudry, Julie Blanc, Benoit Bordeleau, Eisa Bouchard, Joana Casenave, Olivier Charbonneau, Oriane Deseilligny, Christine Develotte, Julien Drochon, Benoît Epron, Antoine Fauchié, Jimmy Gagné, Jean-Michel Gascuel, Bertrand Gervais, Elisabeth Greslou, Mabrouka El Hachani, Lucile Haute, Gisèle Henniges, Clémence Jacquot, Marc Jahjah, Arthur Juchereau, Eric Kergosien, Arnaud Laborderie, Nathalie Lacelle, Prune Lieutier, Fabrice Marcoux, Anthony Masure, Bertrand Meslier, Cécile Meynard, Servanne Monjour, Annabelle Moreau, Catherine Muller, Arthur Perret, Françoise Paquienséguy, Dominique Raymond, Florence Rio, Alexandra Saemmer, Nicolas Sauret, Ariane Savoie, Jean-Louis Soubret, Emmanuel Souchier, Eisa Tadier, Nicolas Tilly, Nolwenn Tréhondart, Marcello Vitali-Rosati Table des matières ÉCRIDIL2018 à Montréal 5 Ceci est un livre numérique 9 Architecture 15 Clôture 23 Collectif 29 Espace (public) 37 Forme 49 Geste d’écriture 61 Jeu 69 Humanités numériques 77 Matérialité 89 Mouvement 97 Parcours 107 Sémiotique 115 Sensorialité 123 Transferts 137 Typographie 147 Intervenants au colloque 155 Colophon 159 Colophon Éditeurs René Audet, Julie Blanc, Renée Bourassa, Louis-Olivier Brassard, Joana Casenave, Jeanne Hourez, Ximena Miranda, Margot Mellet, Servanne Monjour, Marie-Odile Paquin, Lilie Pons, Nicolas Sauret, Jean-Louis Soubret, Emin Youssef. Atelier Emmanuel Château-Dutier, Oriane Deseilligny, Antoine Fauchié, Jean-Michel Gascuel, Clémence Jacquot, Arnaud Laborderie, Arthur Perret, Françoise Paquienséguy, Dominique Raymond, Florence Rio, Emmanuel Souchier, Eisa Tadier. Couverture Jean-Louis Soubret, Ximena Miranda Design graphique Julie Blanc, avec Laide de Louis-Olivier Brassard Ce livre a été conçu sur un navigateur web par CSS et le script pagedjs (paged-media.org) Typographie: IBM Plex Impression: lulu.com ■î ri - -:Z i» - * v> -il ■*' ■■■■P hr* Versiono ■ . fâ $$$&£! Notes sur le livre numénsqufe Ç&ïïlÉiïifiESRi *'•.; iLt ** 3 *■• *•*'* :::*Z J^'r 1 ~Sè]» ■ • # Ceci est un livre numérique ***'?,■■ V*T- J Vj .' '13 Qu'est-ce qu'un livre ? Comment est-il appelé à se transformer en contexte numérique ? En mai 2018, des chercheurs et des praticiens de tous horizons (design, édition, communication, littérature...) se sont réunis à Montréal lors du colloque ÉCRIDIL afin de dresser un état des lieux et proposer des pistes de réponse. u Fruit d'une expérience éditoriale menée en parallèle de l’événement, le présent ouvrage est un index fragmenté et raisonné des notes prises collectivement pendant les échanges. Sa réalisation repose sur des outils numériques qui engagent une nouvelle forme de chaîne éditoriale, à . - y mm ■ ^■1 | la fois collaborative, hybride et ouverte dans le temps comme dans l'espace. Vous parcourez ici la « version 0 » d'un livre qui appelle à d'éventuelles augmentations et reconfigurations. EAN13- livre imprimé 978 2 924446 11 9